Maladie de Schuermann
DÉFINITION-PATHOGÉNIE :
La maladie de Scheuermann est également connue sous le nom de dystrophie rachidienne de croissance (DRC) de manière plus large. Il s’agit d’une pathologie disco-vertébrale qui découle de la nature bipède de l’homme, avec le rachis en position érigée. La pathogénie de la dystrophie trouve, selon la plupart des auteurs, son origine dans la perturbation de l’équilibre sagittal du rachis, engendrant des phénomènes microtraumatiques de contrainte répétitifs sur la partie antérieure des corps vertébraux. La croissance se ralentit à ce niveau mais reste normale en arrière des corps vertébraux, conduisant ainsi à une croissance du rachis en cyphose excessive. Sans équivalent chez l’animal quadrupède, cette affection semble résulter de phénomènes intrinsèques génétiques mais aussi de facteurs extrinsèques liés à de mauvaises postures ou des contraintes sportives excessives.
Sur le plan histopathologique, le défaut de croissance vertébral antérieur va conduire à une cunéiformisation des vertèbres à l’origine du développement de la cyphose. L’équilibre général ainsi obtenu va ensuite se décompenser en cyphose du fait des contraintes en compression qui vont s’appliquer sur un rachis hypercyphotique. La cyphose pourra ainsi s’auto-aggraver du seul fait de la gravité terrestre et de la masse du patient. L’amincissement du disque intervertébral à un niveau donné va provoquer l’extravasation du contenu discal et notamment du nucleus pulposus à travers le cartilage qui encroûte le plateau jusque dans le corps vertébral sus- et sous-jacent, réalisant les classiques images radiologiques de nodules de Schmorl.
DIAGNOSTIC ET VARIANTES
Ainsi, il est difficile en se basant sur ces définitions de donner une prévalence fiable de cette affection dans la population générale. L’incidence est évaluée autour
de 4 à 8 % de la population générale. Beaucoup de patients présentent une hypercyphose thoracique sans que celle-ci soit douloureuse. De même pour certains auteurs, on retrouve des images de nodules de Schmorl a minima chez 70 % de la population générale, de manière largement asymptomatique.
Cette pathologie revêt un caractère bénin chez l’adolescent le plus souvent car le patient ne présente au départ pas de douleurs. Souvent la consultation est motivée par les parents, plus rarement par le médecin scolaire ou le médecin du sport, en raison de l’aspect voûté de l’adolescent. L’anamnèse ne retrouve en règle pas d’éléments particuliers, en dehors parfois d’une histoire familiale d’hypercyphose thoracique. On retrouve parfois un enroulement des épaules vers l’avant, voire un pectus carinatum dans les formes les plus sévères (FIG. 2).